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Couaillet R. « Contre courants » - Le Lundi-littéraire

Salut les gastéropodes voyageurs,

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Quelques fois, il y a des livres qui te prennent dans leurs bras sans même que tu ne leur demande quoi que ce soit et tu t’y sens bien. Et dans ce périple insensé que l’imaginaire peut nous offrir, on se perd dans ses sillages comme une hypnose en plein cœur de l’univers. Que dis-je, on se retrouve dans une sorte d’osmose, happé par ce macrocosme où l’on divague sans savoir où aller et pourtant. Et pourtant on prend le cap et on se laisse emporter par les flots et les vents effarants, on poursuit la route de cette carte inventée qu’un guide nous a soigneusement confié, muni d'instructions et de quelques instruments pour se repérer dans le ciel, mais rien de plus.


Au final, c’est avec fierté et joie d’aventure qu’on s’y lance mais à la fin du voyage, nous n’aurions jamais soupçonné de telles expériences, de telles émotions et sensations. C’est ainsi, avec cette introduction absurde et imagée que l’on part à la rencontre d’un livre que l’on m’a prêté et que j’ai littéralement terminé en 2 jours. Tantôt par le temps pressant, tantôt par la tempête dans laquelle ce livre m’a emmené.



En 3 points : Psychologie, écriture, journal



 


LE CORPS DE L’OEUVRE


Incongrue rencontre avec ce livre, sorti de nul part comme une caresse amicale qui nous prend l’épaule sur son passage. « Contre courants », c’est une œuvre de petite taille et de pages bien espacées, fort aisées à lire. Il se présente comme un journal de notre personnage principal, avec ses dates, ses pensées et ses journées. C’est un périple que l’on suit presque au jour le jour où les dates s’y animent tout comme l’encre se meut sur les pages imprimées.


Nous nous retrouvons donc dans la tête et l’écriture d’un adolescent d’une famille peu accueillante, un peu bourrine, aimante (peut-être ? ou en tout cas à sa façon), avec ses ennuis et ses douleurs, le tout arrondi par un rendez-vous avec une psychologue et une intime volonté de la faire tourner en bourrique. Parce qu’au final, tout va bien dans sa tête, il est juste ce vilain petit canard que personne ne comprend.


Et comment faire pour ne pas vous en dire plus ? Très dur, très dur… Alors je vais vous laisser là, pantelant, avec cette maigre présentation de l'œuvre puisqu’en dire plus serait de trop. On passe donc vite et de ce pas aux préliminaires en émois.


Partons à la découverte de « Contre Courants », une œuvre de Richard Couaillet des éditions Actes Sud junior de 2011.



DES PRÉLIMINAIRES EN ÉMOIS


Pour cette partie échappatoire de l’article, voyons une petite sélection d’extraits qui, je le crois, sont représentatifs de cette œuvre. Je précise cette pensée non certaine car, dû au fait que ce livre m’a été prêté, je n’ai pu corner ou souligner mes phrases favorites. C’est donc à rebours que je tourne les pages en quête d’extraits plaisants, sans spoil, mais pour sûr, attirants.


« Il paraîtrait qu’on a perdu le chant du monde. Que moi aussi, comme beaucoup d’autres. Alors ma psy m’a suggéré de prendre ma lyre pour faire pleurer les pierres, de me fendre le cœur à coups de hache pour épancher ma bile toute noire, pour retrouver le chant colchique dans les prés, parfum pour papier-cul. », p.7.

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« Moi, ce que je préfère, c’est la pêche à la mouche. Trouver l’endroit, et le geste qui va rendre crédible l’impression qu’un insecte vient se poser sur la surface. Et ça, madame la psy, c’est ce qu’il faut que je travaille parce que demain, on a rendez-vous. Et même si vous ne mordez pas à l’hameçon, il faut au moins que je vous fasse monter à la surface. », p.14.

Et dans ces rédactions quotidiennes, c’est avec un sourire et un grand désarroi que l’on acquiesce de la tête certains propos que l’on a déjà pu entendre.


« [...] Surtout que ce visage inerte ne gêne personne à la maison, sauf moi en fonction des jours. Le mien en revanche semble faire chier les deux autres mâles de la maison. C’est le motif principal de leurs reproches [...] - Arrête de faire la gueule ! Ou :  - Ca t’embêterait de nous claquer un sourire de temps en temps ! Ou :  - Si on t’emmerde, tu peux te barrer ! », p.21-22.

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On apprécie également la dentelle des mots.


« Je ne sais pas s’il existe le signe bourrin ascendant crétin, mais les astrologues devraient l’inventer pour Jérémie. », p.59.

Enfin, nous terminons par de la poésie délicate.


« Jérémie pense peut-être que j’y applique ses conseils sur l’art d’emballer les filles. [...] Va s’y répète dans ta chambre, vaut mieux avoir l’air d’un con devant ton miroir que devant la gonzesse que t’as en ligne de mire. Ceci dit, il rentrait le menton comme un dindon avant d’ouvrir très large son œsophage et de vibrer d’extase en laissant s’épanouir un interminable rot de bière tiède. Avec lui, j’ai vite appris à jouer avec le sens du vent. », p.77.


UN METS POUR QUELLE DILETTANTE


« Contre Courants », c’est une édition junior mais grands dieux comme il est incroyable ! Je m’en suis retrouvée toute désarticulée face aux dernières pages que je tournais comme une âme en peine, désespérée de se retrouver à la fin d’une vie et le retour à la réalité. Ce « triste » retour à la réalité qui déchire la frontière de l’imaginaire avec une telle violence que l’on ne sait pas si l’on va s’en remettre. Ce genre de sensation si frustrante et pourtant si troublement grisante qui nous anime à chaque fin de bon livre, film ou série. Et puis en supplément, cette question dans la tête : « qu’est-ce que je fais maintenant de ma vie » ?


Et bien c’est ce livre.

La chute en était vraiment une, la pente pour se relever fut longue à ramper et en même temps si rapide à terminer.


« Contre Courants », c’est une édition junior pour les adolescents et les adultes. C’est un livre qui bouleverse et renverse l’esprit.


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COUAILLET Richard, Contre Courants, éditions Actes Sud junior, 2011

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