A mes chers gastéropodes,
Entamons ce second périple de suite littéraire avec la présentation de l'œuvre tantôt évoquée dans l’article « Les pavés décourageants ». Et dans cette belle continuité d’histoires de pages incessantes et de mots migraineux, nous nous lançons à la poursuite d’un pavé bien ancré sur le sol de Paris. Un pavé qui a bien eu du mal à être arraché tant sa lourdeur et sa pertinence en furent enracinés malgré le béton armé qui dépeint le sol de cette ville enchantée, où les balades amoureuses se font encore sur les bords de Seine (quoique, même si quelques regards vers l’arrière s’assurent toutefois de ne pas être suivi par un quelconque malotru doué de certaines pensées peu rationnelles et humanistes). Mais soit, revenons à notre bouquin de décoration qui n’en est pas un (encore une boutade peu ragoutante).
C’est avec une pointe de curiosité et de passion que nous partons à la rencontre de Baudelaire, encore une fois, mais d’une manière différente, peut-être même d’une façon dont on le connaît peu. Faisons un bref séjour dans sa mémoire avec « Ecrits sur l’art » où Baudelaire se revêt d’un habit de critique en cette période de création, de pauvreté et de renouveau.
« Les bons tableaux se comptent. »
En 3 points → Critique, Art, le Beau
LE CORPS DE L’OEUVRE
Dans cette longue paresse livresque, « Écrits sur l’art » est une œuvre vêtue de poches internes ici et là dans son manteau de feuilles, où lithographies et peintures se présentent pour illustrer les propos et les analyses. Ainsi, comme un grand dadet vêtu d’un pare-vent douteux qui suggère des propositions lugubres et déplacées, « Ecrits sur l’art » n’en sera pas aussi effrayant. Car oui, même si au premier abord, il ne donne pas à désirer, son corps se construit d’une manière telle qu’il en inspire beaucoup. Moult sujets y sont traités, allant des Salons de 1845 à 1859, aux commentaires sur des peintres comme Eugène Delacroix ou des sculpteurs comme Bartolini. Diverses expositions et notamment l’Exposition universelle en sera la victime et si nous devions prestement nous arrêter avant de perdre le lecteur, des sujets d’époques y sont étudiés tels que le Beau, le dessin et la couleur, mais aussi le rapport au tableau ou tout simplement le goût et le dégoût dans sa sublimissence.
« Paradoxal, prophétique : tel fut Baudelaire au sein du XIXe siècle, poète comme critique d’art. »
DES PRÉLIMINAIRES EN ÉMOIS
Pour débuter les préliminaires croustillants de cette œuvre qui, je l’espère, vous inciterons à le feuilleter, prenons comme premier point ce qu’il est dit à propos de la critique (de manière générale).
« Je crois sincèrement que la meilleure critique est celle qui est amusante et poétique ; non pas celle-ci, froide et algébrique, qui, sous prétexte de tout expliquer, n’a ni haine ni amour, et se dépouille volontairement de toute espèce de tempérament . » (p.141)
Nous parlions tantôt de re-contextualisation, osons prendre son passage sur son indignation envers les débuts de la photographie (qui tend bien sensiblement à notre débat actuel sur l’IA).
« Un Dieu vengeur a exaucé les vœux de cette multitude. Daguerre fut son messie. Et alors elle se dit : « Puisque la photographie nous donne toutes les garanties désirables d’exactitude (ils croient cela, les insensés!), l’art, c’est la photographie. » A partir de ce moment, la société immonde se rua, comme un seul Narcisse, pour contempler sa triviale image sur le métal. » (p.364)
Mais revenons prestement à quelque chose de plus doux.
« Le romantisme n’est précisément ni dans le choix des sujets ni dans la vérité exacte, mais dans la manière de sentir. » (p.144)
Et enfin, sur son analyse de la couleur.
« Que la couleur joue un rôle très important dans l’art moderne, quoi d’étonnant ? Le romantisme est fils du Nord, et le Nord est coloriste ; les rêves et les féeries sont enfant de la brume. L’Angleterre, cette patrie des coloristes exaspérés, la Flandre, la moitié de la France, sont plongées dans les brouillards [...] » (p.145)
UN METS POUR QUELLE DILETTANTE
Pour terminer, si nous devions définir un type de lecteur, nous pourrions oser nous pencher vers cette jeunesse indécente où seuls l’indifférence et le dévergondage sont les uniques plats de cette note salée qu’Autrui subit. Tenterons-nous de positionner l’adolescence en l’englobant dans sa totalité avec cette œuvre-ci ? Dans la réalité, je ne pense pas et nous nous risquerons à un fourvoyage des plus décoiffants. Je pense que ce pavé littéraire rédigé par Baudelaire saura conquérir son jeune public avec ce goût déjà prononcé pour l’art (et la littérature). Il sera d’autant plus appréciée à mon avis pour les étudiants en Art (quel que soit le domaine j’oserais dire, car celui-ci survole les époques et les techniques), tout comme cela pourra toucher aisément les adultes et les passionnés.
Néanmoins, ce n’est pas un livre qui se lit d’une traite. En effet, du fait que cela soit de l’écrit à la Baudelaire, la lecture n’en est pas toute aisée mais pour sûr, et sans hésitation, elle est intéressante et enrichissante. Pour certains points, il est évident que nous pourrons être en désaccord avec ses propos, mais là réside même l’idée du partage, tout comme il ne faut pas oublier l’époque à laquelle cela a été écrit.
« La beauté absolue et éternelle n’existe pas. »
BAUDELAIRE Charles. Écrits sur l’art. Editions Librairie Générale Française, 1992
SOURCES
Les thématiques évoquées : https://www.maxicours.com/se/cours/ecrits-sur-l-art-baudelaire/
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